Régénération, extrait.



(écris en 1902 )--- N'est-il pas étrange que tant de gens mariés, et bien mariés à tous égards, après quelques mois d'une existence bénie, après un court temps de bonheur dans l'étreinte conjugale et l'affection mutuelle, tombent en proie à la discorde ? Vous avez sans doute remarqué que le mari, autrefois si attentif envers sa fiancée, si anxieux des heures bénies de l'amour, si empressé à ramasser l'épingle à chapeau tombée au bord du ruisseau dans l'ombre de la nuit, lorsqu'à l'abri des indiscrets ils pouvaient librement se parler amour et s'en allaient côte à côte, heureux comme deux petits enfants... maintenant qu'ils sont l'un à l'autre, il est trop fatigué même pour répondre au coup de sonnette de la jadis bien-aimée, revenant à la maison chargée de paquets de friandises à préparer pour son estomac surmené ! N'est-il pas étrange que la plus haute idée qu'elle se faisait jadis de lui, qui était à ses yeux le meilleur des hommes et une exception entre tous, si doux, si aimant, si charmant, si correct, si héroïque (combien de fois l'a-t-il soulevée dans ses bras !) que cette idée choie maintenant aux plus bas-fonds du mépris, du dégoût et de la haine ? Ceci n'est que trop souvent l'expérience que font les jeunes mariés. Mais pourquoi donc ? Doit-on l'en blâmer, lui ? Est-ce sa faute, à elle ?

Nous savons tous par expérience que toute question, peu importe laquelle, a toujours deux faces et que, pour être juste et nous faire un jugement correct, nous ne devons pas nous hâter de conclure ni être partial, car cela nous empêcherait à jamais de connaître la cause réelle de ces maux avec lesquels l'humanité semble lutter en vain et, malgré tous ses essais, ne trouve aucune solution à ces problèmes, qui sont de la plus haute importance pour notre race en général et la génération à venir, car les générations à venir ne peuvent être que la prolongation de l'espèce que nous représentons aujourd'hui. A nous de trouver la véritable cause de tous ces maux. Pour sûr, nous admettons tous que " c'est l'ignorance qui gît au fond de tout mal et que le mal est simplement le résultat de l'ignorance ". Ceci est bel et bon et une splendide maxime qui en dit long, mais qui n'indique pas la porte de sortie de l'ignorance et ne révèle pas à quel point vous et moi nous pourrions savoir qu'un tel ou une telle est représentatif de l'ignorance. Tant que je me trouve moi-même dans un monde de choses qui sont des formes --- et toute vie est forme --- je dois nécessairement me familiariser avec ce qui prend forme pour le mal. Pour abréger une longue histoire, nous pourrions dire que c'est la faute de la femme et, d'autre part, que c'est la faute de l'homme, lorsqu'il y a désaccord au ménage. Mais qu'en aurions-nous de plus ? Personne n'y gagnerait rien. Ni lui ni elle ne s'en trouve avantagé, à savoir comment agir autrement, car la seule façon de quitter le péché, c'est de le reconnaître, d'aller et de ne plus pécher, c'est d'agir autrement. Si c'est la rémission des péchés que nous espérons, tout comme le rachat de la maladie et du malheur envers les royaumes de paix et de bonheur, alors notre volonté doit exprimer nos voeux, notre volonté qui dirige nos actes selon nos désirs et d'accord avec eux.

La vie de famille a ses lois à elle, ce qui en fait une science, tout aussi bien que n'importe quelle autre science, et pour les dominer nous devons nous familiariser avec elles. Si je ne connais pas la nature de certains corps chimiques, ni leurs effets dans certaines conditions, je peux, en les manipulant, faire des expériences fort dangereuses; mais, après tout, elles ne m'apprennent pas comment je dois manipuler ces corps pour ne pas courir de risques. Si vous manipulez du phosphore, dès qu'il sera sec, il s'enflammera et vous vous brûlerez les doigts que vous ayez à en souffrir toute votre vie. Vous avez appris que manipuler du phosphore est dangereux. Cependant, ce n'est pas dangereux, si vous avez appris qu'en le manipulant sous l'eau vous pouvez en faire ce que vous voulez sans courir aucun risque. Vous pouvez le tremper dans de l'huile bouillante, vous pouvez le faire cuire, il ne s'enflammera pas, il ne vous blessera pas, et vous pouvez le manipuler en toute sécurité, comme s'il ne s'agissait que d'eau claire. Vous savez que vous pouvez prendre une dose d'arsenic et cependant ne pas mourir empoisonné, tant que vous gardez de la glace sur la tête et les jambes en mouvement. Si un serpent venimeux vous a mordu, quand bien même vous avez immédiatement ouvert la blessure et extrait le poison en suçant, si c'est trop tard pour l'extraire tout et s'il commence à se répandre dans l'organisme, et vous vous sentez envahi par le sommeil, prêt à vous évanouir et vous endormir à jamais, vous savez que si vous prenez du cognac, contenant une cuiller à bouche de sel par litre et le frottez sur la morsure et sur le sommet de votre tête, et en même temps buvez de cette liqueur, deux cuillers à bouche, si vous respirez bien et faites un gros ouvrage, comme de scier ou de fendre du bois, pendant vingt-quatre heures, tout danger sera passé. Mais même au cas où vous n'auriez pas de cognac, si vous restez simplement occupé à travailler sans cesse du matin au soir, et ne vous permettez aucun repos ni de vous asseoir, mais travaillez, travaillez sans répit, en ne pensant qu'à votre travail et élevant vos idées vers ce qui est noble et spirituel, vous verrez qu'au bout de trente-six heures vous vous portez mieux que jamais. L'activité est la plus importante des choses, ne l'abandonnez jamais. Soyez heureux et vivez dans la joie, et vous vaincrez tous les dangers. Mais il y a un point à connaître --- comment affronter le danger, comment le combattre, comment l'éviter ? Cette dernière question est plus importante que les deux autres, car si nous ne risquons jamais d'être mordu, nous ne serons jamais forcé d'employer telle dose d'énergie ni de nous imposer tel sacrifice pour atteindre les conditions qui nous paraissent les meilleures. La Nature ne demande aucun sacrifice de la part de ceux qui vivent d'accord avec sa loi. Ceux seulement qui se mettent sans cesse en désaccord avec elle, visant des buts égoïstes, ignorants et barbares, ceux-ci doivent payer tribut s'ils désirent être reconnus par la Nature comme étant au centre du Tout complexe, ou bien périr dans leurs péchés afin que la Nature soit justifiée et puisse s'ajuster.

Obéissance à la loi qui gouverne les relations sexuelles de l'espèce, c'est ce qui fait les familles heureuses; violer cette loi signifie souffrir d'indicibles misères. Il y a bonheur en toutes choses, aussi vrai que le soleil luit vingt-quatre heures par jour, bien qu'il nous semble qu'il fasse nuit.

Ignorance et non mauvaise intention, voilà vraiment la cause de toute discorde matrimoniale. Car si l'homme en avait su davantage, s'il avait été mieux informé, il aurait connu la nature de la femme et, sûrement, il ne lui aurait fait aucun mal, à moins d'être une brute de la plus vile espèce. Et si la femme connaissait seulement le point faible de toute cette galanterie qu'elle voit en lui, tout en le gardant comme un idéal dans son imagination, si seulement elle savait que c'est une grande science qu'il faut apprendre, que de faire les hommes se rester fidèles à eux-mêmes, s'ils ne le sont de nature, à quel point cela dépend de sa conduite, à elle, de son caractère, le jour où sonnent les cloches des épousailles, si seulement elle savait, et savait se servir de ce qu'elle sait, elle s'épargnerait nombre de misères à elle-même, et le garderait lui dans le chemin de la vertu. Alors ce serait désormais inutile de chercher un remède pour recoller leurs coeurs brisés. A moins que tous deux ne s'avouent mutuellement leurs fautes, à moins que tous deux ne soient en état de les reconnaître, à moins que tous deux ne s'en repentent du fond du coeur et recommencent à s'aimer, il n'y a pas d'autre remède que de rester séparés. Une maison divisée contre elle-même ne peut pas tenir. Bien qu'apparemment cachées aux yeux de la société et même de leur propre famille, leurs vibrations mentales perceront à jour; quelque ingénieusement camouflées et rendues invisibles au monde extérieur, leurs vies se révéleront ainsi que les effets produits sur ceux qui sont associés à leur existence. Qu'ils sont malheureux ! Qu'en vain elle essaie de surmonter ces conditions ! Comme il tente d'oublier tout cela en se cherchant d'autres relations et amitiés ! Et alors, combien le démon de la jalousie va-t-il pénétrer dans leurs coeurs jadis aimants ! Quel terrible état de choses ! " Tel que l'homme pense en son coeur, tel est-il, tel se montre-t-il. " Ceci devient de plus en plus vrai quand nous regardons la société et y trouvons simplement magnifiées les querelles de famille. Nous récoltons ce que nous avons semé. Nous sentons cette jalousie nous envahir. Nous voyons les pensées indésirables du père transmis à la mère et révélés à l'enfant, et ainsi les péchés des pères répercutés sur les enfants jusqu'à la quatrième génération. La société, en ensemble, ne nous montre que la condition de la vie individuelle et familiale. En lutte et crainte continuelles l'une de l'autre, elles continuent à végéter et à se débattre à la vaine recherche d'un bonheur et d'un bien-être qui ne peuvent arriver tant que la question individuelle n'est pas résolue. Le bonheur domestique nécessite la connaissance des lois qui le régissent. L'humanité persiste à ramper dans les ténèbres en ce qui concerne le choix correct d'un conjoint, la propagation de l'espèce et la justesse des relations conjugales. On s'efforce d'étudier tout au monde sauf ceci. On aurait mieux fait d'orienter ses études vers le foyer domestique, de s'occuper des problèmes concernant la vie quotidienne au lieu de partir à la dérive dans des domaines qui n'existent pas plus loin qu'au sommet du crâne et de s'exalter en envolées fantaisistes par delà les cieux ! Si l'on employait la même énergie à étudier les choses qui ont une existence réelle, l'idéal ferait maintenant partie du domaine pratique.

IGNORANCE ET ABUS

De fait, il est étrange que la science de la famille soit la plus négligée de toutes les sciences, quand elle en est la plus importante, et la seule science véritablement utile à notre vie et digne de considération sur le plan d'activité où nous nous trouvons. Mais, après tout, ce n'est plus étrange quand nous songeons que les hommes rampent encore dans les ténèbres à chercher Dieu en des domaines impensables, qu'ils tentent toujours de masquer leur méchanceté et leurs faiblesses devant le trône de Dieu, qui les voit en toute leur nudité, même lorsqu'ils cherchent à cacher leur honte, ce qu'ils font à cause de la corruption de leurs corps; mais ils seront jugés selon leurs oeuvres et non selon leurs paroles !

C'est avec l'amour et l'affection que va l'emploi des organes sexuels dans le but de créer, et avec l'affection le désir de continuer l'échange du magnétisme sexuel dans l'étreinte conjugale, ce qui agit autant sur la prolongation de la vie et le maintien de la santé que sur la création d'une descendance parfaite. Connaître l'emploi correct des fonctions génitales et ses époques naturelles ne satisfait pas seulement les désirs de l'un, mais des deux partis en présence et, sous ces conditions, est aussi profitable que l'est la nourriture pour entretenir la création du sang. Etre informé sur ce point est de la plus haute et vitale importance. L'ignorance et l'usage inconsidéré des organes sont des crimes plus grands que la gloutonnerie et l'ivrognerie, car ils attentent aux fondements mêmes de la race.

Comme nous l'avons établi ci-dessus, ce n'est pas exclusivement la faute de l'homme, et l'on ne saurait en blâmer la femme, non plus; mais pour éviter tout écueil en ces matières, il nous faut examiner de plus près quelles sont les fautes généralement commises. Nous excuserons l'homme présentement, parce qu'il ne sait rien de mieux que de donner prise à la passion, mais nous prétendons que la femme a des pouvoirs à sa disposition, moyennant lesquels elle peut anéantir toute tentative faite contre elle, dès le jour même du mariage, et que, même s'il a été relâché dans sa jeunesse, elle est en état de le guérir soit de ses mauvaises habitudes, soit de son ignorance. S'il ne se montrait pas raisonnable, il aurait à faire preuve de son caractère réel, ce qu'il peut aussi bien faire à la première occasion que plus tard, alors que les choses se seront inutilement compliquées. Cependant, si l'amour est au fond de leur désir de coopération, il se soumettra volontiers aux désirs de son épouse. La coutume usuelle est de laisser la femme ignorer tout des expériences sur la nature de l'homme qui l'attendent la nuit de ses noces, et là où quelque information est donnée, elle est en général si vague et si déraisonnable qu'elle reste tout à fait inadéquate au cas et fait plus de mal que de bien, puisqu'elle provient d'une personne elle-même ignorante.

On suppose en général que l'épouse doit être instruite par son mari. Songez-y ! Que l'homme décide pour elle quant aux sentiments qu'elle peut avoir et qu'il la force de se soumettre à ses désirs ! Que sait-il, et comment le saurait-il, de la régulation de ses fonctions physiologiques à elle ? C'est une coutume quasi universelle que l'époux commette un crime sur la personne de son épouse dans l'espace de quelques heures après la cérémonie nuptiale. Et qu'est-ce d'autre qu'un crime, lorsque, sans aucune préparation, il la force de se soumettre à ses désirs et de devenir pour lui un simple instrument de jouissance ?... L'homme doit réaliser que la personne de la femme lui appartient à elle jusqu'à ce qu'elle se livre volontairement et inconditionnellement, tandis qu'en tout autre cas la copulation est un crime impardonnable. Bien des jeunes femmes sont, en se mariant, ruinées sexuellement par la luxure de leurs maris. Il n'est pas rare qu'un homme se livre à cet acte plusieurs fois pendant cette seule nuit et plusieurs nuits consécutives. Ceci ne peut qu'amener un sentiment de dégoût dans l'esprit de l'épouse et cela peut renverser ses conditions magnétiques et commuter les courants de l'électrisme, amenant un état auquel il sera difficile de remédier, jusqu'à ce qu'elle en trouve un autre qui s'accorde avec sa nature et ramène ses vibrations à leur état normal, après quoi elle sera de nouveau capable d'accorder son affection en la chose.

Ce n'est presque jamais le cas que la femme jouisse un tant soit peu de l'étreinte au début de sa vie conjugale, avant qu'elle se soit suffisamment familiarisée avec l'homme et se soit habituée à vivre avec lui. Ce n'est pas avant d'être, suffisamment familiarisés l'un avec l'autre ni avant que la femme ne désire ou ne réponde à la cour que lui fait l'homme, qu'il est bon de resserrer les relations et de s'adonner à l'étreinte. Le jour du mariage doit rester sacré et fêté en souvenir. L'homme doit considérer que la femme, même une fois mère, n'est pas toujours en état de répondre à l'expression de ses désirs, mais seulement à certains intervalles de temps. En ce qui concerne l'expression de l'amour, elle répondra si on l'approche proprement et graduellement, et si elle ne répond pas dans la demiheure aux avances à l'accouplement, l'homme doit se rappeler qu'elle n'est pas dans une condition favorable et être assez sage pour se contenir. S'il s'impose à elle, il ne fait pas que nuire à sa santé, mais il ne peut pas retirer la satisfaction qu'il cherche. Pour jouir d'un acte de cette nature, il faut la participation des deux soutenue par leur mutuel consentement.

L'ECHANGE DU MAGNETISME SEXUEL

La femme doit apprendre graduellement les desseins de l'homme et lorsqu'un sujet de cette nature sera mis graduellement sur le tapis, elle restera en état de répondre à l'action, même dans un âge avancé, et avec autant de ferveur qu'au temps de sa jeunesse. L'on doit toujours se rappeler que lorsque la femme exprime de l'affection et le désir de reposer dans les bras de son élu, de le caresser et choyer, elle ne désire pas nécessairement le contact sexuel. Le contact de visage à visage, de coeur à coeur ou de plexus solaire à plexus solaire adoucira leur esprit et l'élèvera vers les règnes d'affinité consciente. Lorsque proprement fait et avec des pensées pures, le magnétisme sexuel s'échangera et l'on éprouvera des tressaillements ressemblant énormément à ceux du contact sexuel. Ce contact d'amour rafraîchira la nature physique et aura bien plus de valeur pour la santé générale que la méthode anormale du jeu des passions. Les hommes se trompent grandement lorsqu'ils croient que les femmes cherchent le contact sexuel quand elles manifestent un grand désir de caresses. Elles peuvent, à des périodes régulières, se permettre, si les conditions sont favorables, de s'adonner au contact sexuel, mais même en ce cas, ce peut être simplement pour exprimer leur affection. Le contact sexuel sans courtoisies et caresses préalables tourne en dégoût à la fin de l'acte et est désastreux pour leur congénialité à tous deux, car aucun échange de magnétisme sexuel n'a lieu.

Il a été arrangé par la nature que la jouissance la plus hautement extatique de la vie se trouve en sa reproduction. Tel étant le cas, il reste à l'homme à étudier la question de la reproduction et de l'accouplement, afin de garantir à l'acte la plus grande somme de jouissance possible. Un tel acte, sous le contrôle parfait de l'esprit et la pensée consciemment orientée vers l'objet en vue, un tel acte est d'importance vitale pour la production d'enfants beaux et sains. L'homme et la femme doivent être mutuellement adaptés et de magnétisme sexuel opposé, en vue d'assurer les meilleurs résultats et la plus haute satisfaction.

Rappelons encore que si l'on veut procéder au contact génital, de même qu'en tout autre cas où il y a consentement réciproque, que les deux personnes doivent y venir avec le plus vif avant-goût du plaisir et avec le désir de conférer le plaisir. Mais on doit absolument s'abstenir d'un tel acte si le désir en est absent d'une part ou de l'autre. Beaucoup de femmes se soumettent simplement à leurs maris, même lorsqu'elles éprouvent le désir du contact et s'annulent, pour ainsi dire, de crainte qu'ils ne les croient sensuelles ou impures, et par là non seulement se font du mal quant au système nerveux, mais encore laissent leurs maris dans un état d'esprit de mécontentement qui seulement trop souvent les entraîne vers des lieux malfamés ou les incite à chercher la compagnie d'autres femmes. L'embrassement sexuel est une caresse des corps et si l'on n'en jouit pas, c'est que la loi naturelle a quelque part été violée. En règle générale, l'homme désire procurer du plaisir à la femme et s'il n'y réussit pas chez lui, il s'en va ailleurs. Si les femmes se livraient sagement à la jouissance sexuelle, les cas d'infidélité masculine seraient extrêmement rares, et si les hommes voulaient seulement apprendre à respecter leurs femmes, tenir compte des conditions où elles se trouventet apprendre à dominer leurs passions, ils seraient amplement gratifiés pour leur patience et leur persévérance.

Il faut pour qu'un accouplement soit parfait que le magnétisme et la force vitale y jouent un grand rôle; autrement, l'acte ne doit jamais s'accomplir si l'une des personnes est fatiguée, triste ou angoissée. Aussi est-ce au matin, après une bonne nuit de repos, que le moment est le plus favorable. La jouissance de l'étreinte sexuelle gît dans l'échange magnétique entre l'homme et la femme. Pour engendrer ce magnétisme en vue du bien et s'en assurer la parfaite jouissance, l'acte doit être prolongé pendant plusieurs heures, en suivant des règles qu'il faut apprendre et acquérir par la patience et l'observation réfléchie. Il est vrai que la majorité des hommes est incapable de prolonger l'acte suffisamment, mais en s'y essayant avec persévérance, on arrivera à se rendre maître de la chose et les résultats en seront merveilleux.

LES NOCES MAGNETIQUES

Lorsque les époux auront acquis assez d'expérience pour parvenir à faire durer l'acte plusieurs heures, ils découvriront qu'ils se sont donné parfaite satisfaction et qu'il n'y a nulle nécessité de terminer l'acte par un orgasme. Il sera, bien sûr, impossible de s'assurer du premier coup tout le bien de cette méthode, mais la pratique répétée en augmentera la jouissance jusqu'à ce que l'acte soit entièrement sous le contrôle de la volonté. Ceci obtenu, l'on est prêt à copuler correctement et à se procurer la plus haute jouissance dont un être humain est capable. Qu'y a-t-il dans la méthode ordinaire, qui en général prend moins de cinq minutes et ne consiste qu'en un orgasme prématuré, en comparaison de la jouissance continue d'une ou de plusieurs heures ? Très peu de gens semblent comprendre les bienfaits de l'échange du magnétisme sexuel et du prolongement de l'acte copulatif.

Le fluide générateur, ou sperme, est le principe qui donne la vie, et l'homme a grand avantage à le garder, car sa résorption fortifie ses énergies vitales, qui sont alors employées à la formation du cerveau et du système nerveux en général, ce qui par contrecoup réveille l'activité des organes corporels. Retirer l'organe viril au moment où commence l'orgasme est mauvais pour l'homme et doit être évité. Le fait de retirer à ce moment renverse le flux magnétique et contre-carre les bienfaits de l'échange. Chacun des époux doit tenir l'autre au courant de son état et lorsque approche le paroxysme --- ceci est spécialement important pour l'homme --- tout mouvement doit cesser.

Pour engendrer de bons courants magnétiques, il est nécessaire que l'un des époux soit sexuellement positif, l'autre négatif. On atteint l'état positif en étant démonstratif et en réveillant les sensations sur toute leur ampleur, tandis que l'état négatif consiste à être passif, à rester parfaitement calme et compassé durant tout l'acte. Lorsque tous deux sont positifs, il y a grand gaspillage de magnétisme, ce qui éventuellement peut être débilitant; mais si l'un des deux reste passif, il y a gain du fait qu'il absorbe le magnétisme dégagé par l'autre. Il est naturel à la femme d'être positive pendant dix à quinze jours chaque mois. Cet état commence en général vers le septième jour après la menstrue. Durant la semaine qui suit la menstrue, elle est en général négative. Ces conditions doivent être soigneusement observées et l'étreinte réglée d'après.

Si l'on veut un coït féminin-positif, la femme dépensera son magnétisme en puissantes expressions émotives et l'homme, en restant passif, l'absorbera, tandis que dans le coït masculin-positif, c'est le contraire qui a lieu. Il y a un grand bien à retirer du coït magnétique et spécialement pour l'homme restant négatif pendant que lui est transmis le magnétisme féminin, et qui en est extrêmement fortifié s'il ne dépense pas son fluide vital. Lorsque la femme est négative, le magnétisme masculin se déverse dans le corps de la femme qui en éprouve un grand bien et renforcement, à condition qu'elle n'arrive pas au paroxysme. A moins qu'on ne veuille la reproduction, il est préférable que la partie négative n'arrive pas jusqu'au paroxysme même. Ainsi l'on peut retirer le plus grand bien en observant l'un ou l'autre cas. Pour établir des relations magnétiques parfaites, il est souverain qu'aucun des deux n'ait de relations sexuelles avec un tiers, car il en résulterait un complet dérangement des fonctions magnétiques et la destruction de l'élément d'amour.

Pour obtenir des résultats parfaits, l'on doit être très modéré dans l'usage de la copulation, même au cas où les propensions physiques seraient dominantes. Si l'on s'y livre trop souvent, l'organisme n'a pas le temps de recouvrer sa condition magnétique, et par suite, l'on ne doit pas s'y adonner à moins qu'on n'éprouve ce sentiment d'exaltation extatique, qui varie d'un individu à l'autre suivant la somme de vitalité qu'il possède et ne peut être déterminée que par les parties en cause. Une fois ouvert à une meilleure compréhension de la nature morale de l'être, les conditions changent et l'on considère ces choses à un tout autre point de vue.

Pour ceux qui sont développés moralement, l'acte sexuel, proprement prolongé en évitant toute éjaculation de sperme, se montrera bienfaisant en cas d'affections organiques et renforçateur des fonctions du corps en vertu de l'échange du magnétisme sexuel, condition obtenable pour ceux que guide l'intellect et qui se contrôlent au moyen des vibrations individuelles de la pensée. Mais il faut apprendre que l'expression de l'amour a un sens plus profond et plus intime qu'on ne peut le provoquer ni l'établir par le simple contact physique, et que les sens physiques ne pourront jamais prendre part aux émotions parfaites d'un amour purement individuel......
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